Ce qui est certain, en tout cas, c’est que le site se prêtait bien à une fortification. Il s'agissait d'un éperon rocheux de 910 m2 qui dominait de 60 mètres la vallée encaissée de la Warche et qui était isolé du reste du massif rocheux par une fracture naturelle. Ce lieu avait probablement déjà servi de refuge depuis les temps les plus reculés. En l'absence de traces archéologiques probantes, ce qui semble confirmer cette hypothèse, c’est que la charte de 1354 du duc Wenceslas de Luxembourg autorisant Renaud de Waimes à bâtir son castel utilise à la fois les mots construction et reconstruction.
Ce Renaud de Waimes, le personnage à qui Reinhardstein doit son nom, qui était-il ? Malheureusement pas l’aîné des quatre frères Aymon qui, d’après la légende, s’y seraient réfugiés. Plus prosaïquement, il s’agit d’un seigneur des environs (Waimes se situe à quelques kilomètres) que son suzerain, le duc de Luxembourg, avait autorisé, voire encouragé, à se bâtir un château fort à cet endroit. Par l’intermédiaire de son fidèle vassal, le duc pouvait ainsi contrôler cette contrée disputée et affirmer son pouvoir face à la principauté de Stavelot-Malmedy toute proche, principauté dont il était par ailleurs l’avoué. En ces temps troublés, le château pouvait également servir de refuge à la population des alentours, ce qui se vérifia d’ailleurs au cours des décennies suivantes. Précisons que le château ne fut jamais conquis.