Constituées au départ par Jean Overloop, les collections du musée continuent de s’enrichir au fil des acquisitions, des dons et des dépôts, dans une recherche constante de qualité. Si le château vaut à lui seul la visite, son contenu en augmente considérablement l’intérêt. Quelques exemples en diront davantage qu’un long discours.
Arrêtons-nous tout d’abord sur l’exceptionnelle armure allemande du XVIe siècle avec son casque grotesque, présentée dans la salle des Gardes. De tels casques, appelés armets, visaient à impressionner l’ennemi et à le déconcentrer. Leur exécution demandait un grand savoir-faire et ils sont très rares.
Selon des sources orales, cette armure aurait jadis fait partie des collections de la famille Scaligeri à Vérone.
Un très beau deux-corps bourguignon en noyer de la seconde moitié du XVIe siècle dans le style d’Hugues Sambin (Renaissance française) est exposé dans la salle à manger.
Le décor en perspective des portes est tout simplement splendide et il témoigne du renouveau artistique de cette époque sous l’influence des maîtres italiens.
La statue de Charlemagne dans la salle des Chevaliers est une belle œuvre classique du XVIIe siècle, issue d’un atelier liégeois. Charlemagne est représenté en empereur du Saint-Empire romain germanique, d’où le sceptre qu’il tient à la main. Il porte également un grand livre qui fait probablement allusion aux "capitulaires", ensembles de lois traditionnelles orales dont il a ordonné la mise par écrit.
La présence de sa statue rappelle que nous nous trouvons à proximité d’Aix-la-Chapelle, au cœur des régions qui allaient devenir l’Europe. Pour la petite histoire, Charlemagne chassait souvent dans la région et aurait possédé un pavillon de chasse à Waimes, à quelques kilomètres du château.
Toujours dans la salle des Chevaliers, admirons la grande tapisserie suspendue face aux fenêtres. Elle date de la fin du XVIe siècle et a été réalisée à Audenarde. Elle raconte un épisode du "Cycle d’Alexandre le Grand", la bataille d’Issos en 333 avant J.-C. On y voit Alexandre en armure et casque couronné de lauriers, suivi d'Ephestion et d’autres généraux. Agenouillée devant lui, la reine Sisygambis. Derrière elle, son fils, le roi vaincu Darius III.
Selon la tradition, le cycle complet de douze tapisseries auquel elle appartenait aurait décoré jusqu’en 1935 la plus grande salle du palais de Monaco avant d’être dispersé.